Department ESF

Historique (ESF)

L’introduction de l’enseignement ménager au Cameroun remonte à l’époque coloniale, plus précisément aux alentours de 1926, sous l’impulsion des missionnaires installés dans le pays. Confrontés à des problématiques sociales telles que l’analphabétisme des femmes, la mauvaise prise en charge des enfants, une gestion approximative des ressources domestiques et des conditions de vie précaires au sein des foyers, ces pionniers identifièrent la nécessité d’une formation visant à structurer la vie familiale. C’est ainsi qu’est née la formation ménagère, dont l’objectif principal était de permettre à la femme, en tant que maîtresse de maison, d’assurer de manière harmonieuse la gestion du foyer, en conjuguant traditions locales et exigences de la modernité.

Dans ses premières formes, cette formation ne suivait pas un cursus uniforme : sa durée variait entre trois mois et un an, en fonction de la capacité d’assimilation des apprenantes. Jusqu’aux années 1950, l’enseignement ménager était essentiellement intégré aux cours d’hygiène et d’art ménager dispensés dans les écoles primaires publiques ou confessionnelles, et la couture était obligatoire pour les filles préparant le Certificat d’Études Primaires Élémentaires (CEPE).

L’année 1957 marque une étape importante avec la création des centres d’apprentissage : SARM (Section Artisanales Rurales et Ménagères, ouvertes à tous), ou alors de Collèges de Filles préparant au CAP d’art ménager, accessible après le CEPE pour une formation de trois ans. Toutefois, au cours des années 1960, ce diplôme est remplacé par le Certificat d’Art Ménager (CAM), auquel s’ajoutera par la suite le CAP couture. L’année 1965 consacre l’intégration de l’enseignement ménager dans les programmes scolaires au même titre que les disciplines fondamentales comme le français ou les mathématiques, avec prise en compte des notes dans les bulletins et leur valorisation dans les examens officiels.

Jusqu’au début des années 1980, le CAP couture permettait uniquement l’accès à l’École Normale d’Enseignement Ménager et Couture (ENEMC) de Yaoundé, qui formait des Instituteurs d’Enseignement Technique (IET) spécialisés en arts ménagers et couture. En 1981, une réforme aboutit à la scission de cette formation en deux spécialités distinctes : couture d’une part, et art ménager d’autre part. C’est cette dernière qui évoluera en Économie Sociale et Familiale (ESF) en 1986, désormais implantée dans certains lycées d’enseignement technique. Le premier Probatoire de BT/ESF fut organisé en juin 1988, suivi du tout premier BT/ESF (Brevet de Technicien) en 1989. Les diplômés de ce cycle accédaient à l’École Normale d’Instituteurs de l’Enseignement Technique (ENIET), créée à la suite de la dissolution de l’ENEMC.

Un tournant majeur intervient en 1990 avec le réaménagement de la filière ESF par le Ministère de l’Éducation Nationale (MINEDUC), qui confirme la structuration académique de cette spécialité.

Au niveau de l’Enseignement Supérieur, au des années 2000, à la suite d’un projet d’appui à l’enseignement au Cameroun, à la Faculté de l’Education de l’Université de Buéa, Mme NGUIAMBA Véronique Priscille, Assistante à l’ENSET qui préparait un Master d’Education, a posé dans ses recherches, la problématique de la continuité de la formation des diplômés de certaines filières des lycées techniques au Cameroun (MEB, ISA, GT, ESF, ITH,…). Le Professeur John Ebandja, alors Directeur de l’ENSET de Douala, en a été saisi par un membre du panel. C’est ainsi que, sous son égide, et avec le Ministère de l’Enseignement Supérieur (MINESUP), l’École Normale Supérieure d’Enseignement Technique (ENSET) de Douala ouvre pour la première fois au Cameroun, en 2004 un cycle de formation de Professeurs d’Enseignement Technique de 1er grade (DIPET I), destiné aux titulaires du BT ESF et des autres filières techniques citées plus haut. Le Département d’ESF est alors créé avec une seule filière initiale, celle d’Économie Sociale et Familiale. Une décennie plus tard, en 2014-2015, l’Etablissement inaugure le second cycle de cette formation, permettant ainsi, dès l’année suivante, la sortie des premiers Professeurs d’Enseignement Technique de 2ème grade (DIPET II) en ESF au Cameroun.

Parallèlement, des mutations pédagogiques s’opèrent dans l’enseignement secondaire. En 2011, une réforme des programmes de la filière ESF reconfigure plusieurs disciplines. Ainsi, l’économie domestique devient Sciences des Équipements et du Logement (SEL), la puériculture et la diététique sont intégrées sous l’intitulé Puériculture, Gérontologie et Diététique (PGD), l’éducation artistique se transforme en Éducation Artistique et Décorative (EAD), et les questions d’hygiène domestique sont désormais couvertes par l’Aménagement et l’Hygiène du Milieu de Vie (AHMV).

À l’ENSET de Douala, la dynamique de réforme engagée s’est traduite par une diversification progressive et structurée de l’offre de formation au sein du Département d’Économie Sociale et Familiale. Initialement centré sur la seule filière ESF, le département a connu, avec l’aide de sa coopération entre l’IESN (Institut d’Enseignement Supérieur de Namur, Haute Ecole de Namur) une expansion significative à partir de l’année académique 2014-2015, avec la création de cinq nouvelles filières professionnelles. À ce jour, trois d’entre elles sont pleinement opérationnelles : Puériculture, Gérontologie et Auxiliaire de Vie (PGAV), Esthétique, Coiffure et Cosmétique (EsCoCo), et Nutrition Humaine et Diététique (NHD). Cette évolution illustre la capacité du Département ESF, à adapter ses formations aux besoins émergents de la société, en particulier dans les problématiques de la prise en charge des populations vulnérables (enfants, personnes âgées, personnes dépendantes), de la promotion de la santé et de la nutrition communautaire, ainsi que de la valorisation des métiers du bien-être, de l’esthétique et de l’image de soi, répondant ainsi aux exigences d’un marché de l’emploi en mutation et aux attentes croissantes en matière de qualité de vie et de services à la personne.

Aujourd’hui, la filière ESF au Cameroun incarne une voie de professionnalisation riche, transversale et indispensable, à la croisée des enjeux éducatifs, sociaux, sanitaires et économiques. Elle s’inscrit pleinement dans les Objectifs de Développement humain Durable et constitue une réponse pertinente aux besoins croissants en expertise sociale et familiale, tant au niveau national qu’international.

 » Une formation polyvalente des professionnels qui contribuent au bien-être de l’individu, de la famille, et de la communauté « 

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